Assurance vie vs PER : le combat du moment

Depuis un an, les conseillers financiers mettent en avant le plan épargne retraite (PER), qui a remplacé les contrats Madelin retraite.

Mais avons-nous intérêt à souscrire un PER ? Une assurance vie classique ne serait-elle pas plus judicieuse ?

Pour se décider, il faut bien comprendre les points communs et les différences entre ces deux enveloppes fiscales.

Si vous voulez aller au fond des choses, j’ai expliqué le fonctionnement du PER en long, en large et en travers dans ma formation en ligne sur le PER :
https://guillaumelefebvre.podia.com/le-guide-pratique-du-per-comprendre-ce-nouveau-couteau-suisse-de-l-epargne

Quant à la formation sur l’assurance vie, le pré-lancement de la formation est terminé. Il me reste un module à enregistrer avant la publication de la version finale.

Mais on peut résumer les choses ici, sans explorer tous les détails.

Comme toujours, je ne prétends pas vous dire quel placement il vous faut : je ne suis pas conseiller en gestion de patrimoine. Je cherche juste à vous présenter les deux dispositifs pour que vous puissiez y réfléchir sereinement, sans subir la pression et le jargon d’un commercial.

Commençons par les points communs : 

  • Le PER et l’assurance vie sont des sortes d’étagères à épices financières. On peut y loger des actions, des obligations, de l’immobilier, des ETF (fonds spéciaux qui s’alignent sur un indice boursier, avec très peu de frais).
  • Les deux dispositifs proposent un fonds en euros, réglementé et (relativement) sécurisé, contenant principalement de la dette d’Etat et d’entreprises. Les Français aiment beaucoup le fonds en euros parce que les actions ont une mauvaise réputation : risque, capitalisme vorace sans âme, etc. Le fonds en euros, c’est la tranquillité. C’est aussi la garantie d’un rendement anémique : les taux ont beaucoup baissé.
  • Dans les deux dispositifs, on peut récupérer son argent ou le transformer en rente viagère.
  • Les contrats avec peu de frais se trouvent en ligne.

Passons aux différences : 

  • Le PER emprisonne votre argent. Vous ne pouvez pas le sortir à votre guise. Le but, c’est le long terme. Hormis un gros pépin de vie, vous sortirez pour acheter votre résidence principale et/ou au moment de votre retraite. En assurance vie, vous pouvez faire un rachat ou demander des avances sans attendre d’acheter votre maison, ni attendre 67 ans. Vous pouvez même sortir des sous pendant les 8 ans où la fiscalité est moins sympathique. Ca c’est une sacrée différence : l’assurance vie, c’est la liberté.
  • Pour vous inciter à épargner sur le long terme, le PER dégaine son bazooka fiscal : vos apports sont déductibles jusqu’à un certain plafond. Si vous êtes dans la tranche à 30 % et que vous mettez 1000 € sur votre PER, vous paierez 300 € d’impôts en moins. Rien de tel en assurance vie.
  • Revers de la médaille : si vous avez déduit vos apports dans le PER, au moment où vous reprendrez l’argent, l’Etat vous taxera. En assurance vie, le paradis fiscal est justement sur la sortie : aucun impôt sur le capital, et très peu sur les intérêts (voir ici). En fait le PER vous permet un transfert de vos impôts d’aujourd’hui vers vos impôts de plus tard. Donc c’est vraiment intéressant pour vous si vous êtes dans les tranches à 30 ou 41 %, voire 45, et que vous pensez descendre d’une tranche au moment de votre retraite. Dans ce cas-là, l’Etat français y perdra. Donc vous y gagnerez.
  • Notez que dans le PER, vous pouvez refuser de déduire vos apports. Dans ce cas, vous ne serez pas imposé sur le capital au moment de la sortie. Ca peut être judicieux si vous êtes non imposable, voire dans la tranche à 11%, et si vous pensez y rester quand vous serez en retraite. Mais du coup, ça vous remet dans une situation proche de l’assurance vie, sans la liberté de sortir à votre guise. L’avantage de la prison volontaire, c’est qu’elle vous évitera la tentation. A vous de voir si vous vous faites confiance.

Alors comment choisir ?

Réponse du Normand que je suis : on peut ouvrir les deux et y apporter de l’argent quand on veut. Par exemple, quand on a une excellente année, on peut aller vers le PER pour éviter un coup de matraque fiscal. Et revenir sur l’assurance vie ensuite si l’année est moins bonne.

En fait le PER est très souvent recommandé par les conseillers quand on est au moins dans la tranche marginale à 30 %. Dans les tranches hautes, en fait, vous investissez vos impôts et ils génèrent des intérêts qui se cumulent pendant des dizaines d’années.

Pour savoir dans quelle tranche vous êtes :

https://www.francetransactions.com/impots/calcul-tmi-2020.html

Quand on est non imposable ou dans la TMI à 11 %, les bons conseillers recommandent plutôt l’assurance vie classique. Inutile de se priver de liberté pour un gain fiscal minime ou inexistant. D’autant que le PER vous engage pour des dizaines d’années alors que vous n’avez aucune visibilité économique sur le long terme. L’argent en prison, c’est quand même un principe problématique. Alors si vous y avez par grand intérêt, pourquoi se contraindre ?

Une niche fiscale temporaire

Je finirai cet article en mentionnant une disposition pro-PER de la loi Pacte.

Tout rachat réalisé sur un contrat d’assurance vie de plus de 8 ans fera l’objet d’un abattement fiscal doublé, à condition que les sommes soient réinvesties dans un PER et que le rachat soit effectué au moins 5 ans avant le départ en retraite.

Si ce bon plan vous intéresse, vous avez jusqu’au 1er janvier 2023 pour en profiter.


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