CARPIMKO : mon amie de 30 ans – On fait le bilan !

C’est souvent en regardant les évolutions sur le long terme qu’on identifie les tendances de fond.

En début d’année, quand la CARPIMKO publie son barème, je vous fais souvent part du pourcentage de hausse que cela représente. Mais je le fais d’une année sur l’autre. Aujourd’hui, je vais le faire sur 30 ans grâce à un papier que j’ai retrouvé dans mes archives.

Pour mémoire, la CARPIMKO nous prélève 7 cotisations :

  • 2 pour le régime de base, qui sont les mêmes pour toutes les professions libérales sauf les avocats
  • 2 pour le régime complémentaire, en forte hausse tous les ans
  • 2 pour le régime des praticiens conventionnés
  • 1 pour le régime invalidité-décès, en forte hausse cette année

Voici l’état des lieux que m’avait envoyé la CARPIMKO en 1992 :

 

A l’époque, le système nous poussait clairement à travailler : quel que soit notre revenu, le total était de 16 220 F, soit 2 473 €, ou 3 697 € actuels (source : https://www.insee.fr/fr/information/2417794).

Nous pouvions cotiser davantage si nous le souhaitions, en optant pour les « classes » C à F. Mais c’était facultatif. 

Je m’étais bien gardé de faire confiance à la CARPIMKO en lui donnant volontairement une partie de mes revenus. Le livre blanc de Michel Rocard (voir ici) était paru l’année précédente. 

M. Rocard montrait bien que le système de retraite par répartition allait au-devant de grands dangers à cause de l’évolution démographique du pays et de son apathie économique.

Malheureusement, quelques mois plus tard, le facultatif est devenu obligatoire. Puis chaque régime a été réformé, au fur et à mesure ; avec à chaque fois une aggravation des conditions pour les cotisants. Mais l’honneur était sauf : on ne baissait pas les pensions des retraités. La solidarité intergénérationnelle fonctionne à sens unique.

Où en sommes-nous, 30 ans plus tard ?

J’ai voulu le savoir précisément.

Puisque la cotisation est maintenant liée aux revenus, j’ai cherché à savoir quelle évolution nous subissions à 30 000, 45 000 et 60 000 € de bénéfice :

 

Comme vous le voyez dans la ligne rouge, l’augmentation va de +63 % à +129 %, même en tenant compte de l’inflation !

Chaque hausse annuelle reste peu lisible : elle est noyée dans le système des régularisations. Et surtout, aucun syndicat ne s’en plaint, puisque ces corporations participent à la gestion de la CARPIMKO.

Mais sur 30 ans, la dérive est bien lisible. En comparaison, l’URSSAF s’est mieux tenue : la hausse d’une cotisation a généralement été compensée par la baisse d’une autre. A la CARPIMKO, on sait augmenter 3 ou 4 cotisations à la fois, sans la moindre contrepartie ; et tous les ans.

Mais c’est pour notre bien, non ?

Si. En théorie.

Le principe de la retraite par répartition paraît cohérent, équitable et solidaire : les jeunes paient pour les aînés. Puis à leur tour, ces jeunes devenus vieux sont financés par leurs enfants. Et ainsi de suite.

Le problème, c’est que c’est une pyramide de Ponzi légale : si vous avez 25 ans, vous savez combien de baby boomers vous devez financer. Mais une bonne partie de ceux qui devront financer VOTRE retraite ne sont même pas nés. Et on ne sait pas quelles conditions économiques ils rencontreront d’ici là. Les auxiliaires médicaux seront-ils encore conventionnés ? Tant de choses peuvent se passer.

Il n’y a donc pas beaucoup plus de sécurité dans notre système que dans la retraite par capitalisation (l’épargne).

Bien sûr,  on pourra toujours dire que les régimes par répartition ont la possibilité de s’endetter. Mais c’est immoral. Moi, j’aime mes enfants. Je n’ai pas envie de leur faire supporter mon impéritie.

D’après Patrick Artus, pour chaque euro cotisé depuis le début des années 80, un système de retraite à 100% par capitalisation aurait rapporté 21,90 € contre 1,90 € en répartition.

Cela aurait en outre financé l’économie du pays. Mais les principes généreux agissent comme le soleil sur un pare-brise : ils nous empêchent de voir la réalité. Nos syndicats font partie des gens éblouis par les grands principes.

Alors on n’en sortira pas. Longue vie à la vorace CARPIMKO !

Rendez-vous dans 30 ans…


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