L’intelligence artificielle a désormais une place prépondérante dans notre quotidien et le monde médical n’y échappe pas, orthophonistes compris. Faut-il craindre que les algorithmes remplacent la relation thérapeutique ? Pas vraiment. Bien utilisée, l’IA peut devenir un précieux copilote dans votre cabinet d’orthophonie. Elle organise, classe, résume et allège le quotidien, sans jamais piétiner la pratique clinique. À condition, bien sûr, de la garder à sa place.
L’intelligence artificielle. Voilà un terme clivant ! Il entraîne (souvent) un haut-le-cœur pour les plus récalcitrants. L’IA rime souvent avec fascination, méfiance, théories du complot et une pointe de curiosité.
Pourtant, qu’on le veuille ou non, celle-ci est déjà partout dans nos vies, parfois sans que nous nous en rendions compte. Quand Spotify vous propose « pile » la chanson qui colle à votre humeur d’un dimanche soir pluvieux, votre aspirateur robot, ou quand votre GPS vous propose l’itinéraire qui évite l’embouteillage devant l’école à 17h30, ce n’est pas le fruit d’un alignement des planètes, mais bien celui d’algorithmes d’apprentissage automatique. Autrement dit, l’intelligence artificielle. Les avancées technologiques des dix dernières années ont été vertigineuses. Même les plus technophiles assumés ou réfractaires attachés au carnet papier et au stylo quatre couleurs utilisent quotidiennement l’intelligence artificielle.
Le domaine médical n’a pas échappé à cette révolution. Radiologues, cardiologues, anesthésistes : les professionnels de santé voient fleurir des solutions censées améliorer leur pratique, leur faire gagner du temps ou les épauler dans des tâches répétitives. Mais qu’en est-il des orthophonistes ? Ces spécialistes du langage, de la voix, de la déglutition et de la communication humaine dans toute sa complexité ? L’IA peut-elle vraiment apporter une aide précieuse dans un métier où l’humain, l’échange et la relation thérapeutique occupent une place centrale ?
La réponse est oui, mais avec des nuances. Car si l’IA peut devenir une alliée du quotidien, elle ne saurait en aucun cas se substituer à la pratique médicale. Le danger, c’est de laisser l’algorithme prendre les commandes. L’enjeu, au contraire, c’est de trouver comment faire de l’IA un outil d’accompagnement, un copilote fiable qui libère du temps et de l’énergie, sans jamais dicter la route à suivre. Heureusement pour vous, Orthomax est là pour vous aiguiller sur l’utilisation de ces intelligences artificielles.
Comment l’IA peut épauler votre quotidien d’orthophoniste
L’organisation d’un cabinet d’orthophonie ressemble souvent à un numéro d’équilibriste. Entre les rendez-vous à caler, les dossiers à tenir à jour, les comptes rendus à rédiger et les séances à préparer, l’orthophoniste jongle avec les minutes comme Diego Maradona avec une orange. Et ce, sans compter la gestion des appels téléphoniques des familles, les mails des écoles, les relances des mutuelles. Bref, un quotidien où chaque minute compte.
C’est précisément là que l’intelligence artificielle peut intervenir, en se glissant dans les tâches les plus chronophages – pour ne pas dire ennuyantes – de la vie professionnelle. Prenons l’exemple de la prise de rendez-vous. Des assistants virtuels existent déjà, capables de gérer automatiquement un agenda, de proposer des créneaux disponibles et même d’envoyer des rappels par SMS pour limiter les fameux « lapins ». Résultat : moins d’absences imprévues, moins de coups de fil interrompant une séance. Ainsi, plus de temps gagné pour le praticien. Même constat du côté de la gestion des dossiers patients. Un logiciel d’IA (comme Orthomax) peut classer, indexer et retrouver en quelques secondes les bilans ou notes de suivi, là où un tri manuel prendrait de longues minutes.
Et puis, il y a la communication avec les patients et leurs familles. Un domaine où l’IA peut aussi alléger le quotidien. Des comptes rendus automatiques peuvent être générés à partir des notes de séance, évitant des heures de rédaction fastidieuses. Des supports pédagogiques, images ou pictogrammes, peuvent être créés en quelques clics pour faciliter l’explication d’un trouble ou l’entraînement à domicile. Sans oublier la traduction instantanée, qui permet d’échanger plus facilement avec les familles allophones.
Enfin, l’IA peut aussi jouer un rôle dans la formation continue. Des outils de veille automatisée sont capables de scanner des centaines d’articles scientifiques et d’en proposer un résumé clair. Cela permet à l’orthophoniste de rester informé sans y consacrer ses soirées. Tout cela dessine un futur où l’IA n’est pas une menace, mais un soutien. Un assistant discret qui se charge du « bruit » pour libérer l’orthophoniste de ce qui entrave parfois son cœur de métier : la relation thérapeutique et l’accompagnement humain.
Les limites et les points de vigilance
Mais attention à ne pas confondre copilote et pilote. Car l’intelligence artificielle, aussi impressionnante soit-elle, ne peut ni ne doit se substituer à la pratique orthophonique. C’est là le cœur de l’enjeu ! C’est un outil d’accompagnement, pas le personnage principal de l’histoire.
Le premier risque est celui de la déresponsabilisation. Face à des outils capables de générer des bilans ou de suggérer des exercices, certains pourraient être tentés de laisser l’algorithme « décider ». Or, la clinique est faite de nuances, de contextes, d’histoires personnelles qui échappent aux modèles mathématiques. Une voix n’est pas qu’une fréquence, un trouble de la lecture n’est pas qu’un score. L’orthophonie, c’est avant tout une rencontre humaine. Laisser l’IA prendre le dessus reviendrait à réduire la complexité d’un patient à une série de données.
Deuxième vigilance : la protection des données. Les informations traitées par un cabinet d’orthophonie relèvent du secret médical et doivent être protégées avec une rigueur absolue. Or, confier des enregistrements vocaux, des comptes rendus ou des bilans à un outil d’IA pose des questions sensibles. Où sont stockées ces données ? Qui y a accès ? Sont-elles chiffrées, anonymisées ? L’orthophoniste doit rester maître de ces choix et privilégier des solutions conformes aux normes en vigueur. Conséquence : transformer un gain de temps en cauchemar juridique.
Troisième point : la fiabilité. L’IA peut se tromper, et elle se trompe souvent. Quiconque a déjà testé une traduction automatique ou une reconnaissance vocale sait que le résultat peut être à la fois bluffant, et également grotesque. Dans le domaine médical, ces erreurs ne sont pas anodines. Un compte rendu mal transcrit, une donnée mal analysée peuvent induire des biais. C’est pourquoi l’orthophoniste doit garder la main, vérifier, ajuster et ne jamais prendre pour argent comptant les suggestions de la machine.
Enfin, il y a un risque plus subtil, celui de la perte de sens. À force de déléguer tout ce qui est répétitif ou chronophage, ne risque-t-on pas de perdre le contact avec certaines dimensions essentielles du métier ? Rédiger un compte rendu, par exemple, n’est pas qu’une corvée administrative : c’est aussi un exercice de mise en mots, une manière de réfléchir et de structurer sa pensée clinique. Si l’on confie cette tâche à une machine, ne perd-on pas un peu de ce regard critique qui fait la richesse de la pratique ?