Ils sont de plus en plus nombreux à se regrouper. Non, pas les fans de belette le dimanche après-midi dans la salle de fête du village, mais les orthophonistes. Face à l’évolution des besoins des patients, à la spécialisation croissante des pratiques de santé et à la flambée des loyers, les cabinets médicaux pluridisciplinaires poussent comme des champignons. Travailler à plusieurs ? Oui, mais avec panache, expertise et une bonne machine à café. Orthomax vous décrypte ce phénomène.
En France, les cabinets d’orthophonie pluridisciplinaires se multiplient comme les bars à Matcha dans le 8e arrondissement de la capitale. Mais n’y voyez pas ici un phénomène de gentrification. En effet, le centre pluridisciplinaire est en pleine expansion pour de multiples raisons, en première, celle d’optimiser et de rendre meilleure la prise en charge des patients. De plus en plus de professionnels de santé, et donc ici d’orthophonistes, choisissent de s’associer pour créer des structures afin de faire cohabiter différentes spécialités, de la neurologie à la pédiatrie, en passant par les troubles du langage, de la déglutition ou encore les bégaiements.
Des spécialités avec leurs différences qui nécessitent, pour certaines, des connaissances approfondies. Faire cohabiter le must des orthophonistes avec chacun(e) leurs spécialités s’impose désormais comme une solution plus que viable, sans oublier l’optimisation des ressources face à un contexte économique tendu.
Le bonheur pour les patients …
Dans le grand dédale du parcours de soins, il n’est pas rare que les patients se sentent un peu comme dans une chasse au trésor, mais sans Dora, ni carte : « Trouver un orthophoniste spécialisé en troubles oro-myo-fonctionnels et un autre en neurodéveloppemental ? Ah, vous êtes dans la mauvaise aile, madame, il faut traverser la ville, prendre deux bus, tourner à gauche après la boulangerie… » Un parcours du combattant donc, et c’est là que le cabinet pluridisciplinaire fait figure de Graal moderne.
En regroupant sous le même toit plusieurs orthophonistes aux expertises variées (troubles du langage oral, écrit, déglutition, neuro, bégaiement, TSA,…), on offre au patient une prise en charge globale, coordonnée et simplifiée. Plutôt que de multiplier les lieux, les temps de trajets et les rendez-vous décousus, le patient bénéficie d’un parcours fluide, ce mot-clé qui fait frémir les tutelles, mais qui ici prend tout son sens.
Prenons l’exemple d’un enfant dyslexique avec des troubles de l’attention : dans un cabinet mono-praticien, il devra jongler entre plusieurs professionnels répartis sur le territoire avec des échanges souvent longs et peu pratiques. Dans un cabinet professionnel pluridisciplinaire, ciao les problèmes ! L’évaluation et la rééducation du patient sont alors assurées par des collègues en lien permanent, qui peuvent partager les bilans, échanger, se conseiller, en adaptant ensemble la prise en charge du patient.
Un collectif digne du FC Barcelone de Pep Guardiola (à condition qu’il y est une entente entre vous) qui permet dès lors de réduire dans un premier temps les délais entre les consultations, mais aussi et surtout de diminuer le stress pour tout le monde, tout en ayant une cohérence thérapeutique la plus optimale. Et pour les familles, c’est la garantie d’un accompagnement cohérent, humain, et parfois même jovial (souriez, vous êtes filmés).
… Et pour vous les orthos
L’orthophonie est une discipline passionnante, enrichissante et exigeante. Et parfois, il faut le dire, un brin solitaire. Quand on passe sa journée à faire passer des ELO, des BELO, des Exalang, on peut rêver de collègues avec qui échanger sur le dernier cas de dysphasie atypique ou simplement partager un café pour débattre sur le Comte-de-Monte-Cristo que vous trouvez surcoté (et vous avez bien raison).
Dans un cabinet pluridisciplinaire, on rompt avec cette solitude. On travaille à plusieurs, certes, mais surtout : on collabore. Ce n’est pas juste une colocation de cerveaux, c’est un enrichissement professionnel permanent. On discute des cas complexes, on découvre de nouvelles approches, on remet en question certaines pratiques. Et tout ça, dans un cadre bienveillant et stimulant.
Une collaboration enrichissante qui permet à chacun de faire évoluer ses compétences et de progresser dans certains domaines. Par exemple, un orthophoniste spécialisé en voix adulte peut, au fil des échanges, mieux comprendre les particularités des troubles autistiques ou des retards de parole sévères. On apprend des autres, et parfois même, on redécouvre sa propre pratique.
C’est un peu comme une formation continue quotidienne. Et puis, disons-le franchement : partager les hauts (et les bas) de la clinique avec des collègues, ça fait du bien au moral. Parce que la surcharge de demandes, les situations familiales complexes, les refus d’ALD ou les 8 mois d’attente pour un rendez-vous en CMP, c’est plus facile à gérer quand on peut en parler à voix haute, entre deux séances.
Les raisons économiques, un argument non-négligeable
Le marché immobilier français connaît une hausse des loyers, on ne vous l’apprend pas. Mais toujours bon à savoir, selon l’INSEE, entre octobre 2024 et janvier 2025, les loyers ont augmenté de 1,4 %, et sur un an, la hausse atteint 2,4 %. Cette augmentation pèse sur les charges des cabinets individuels. En partageant les locaux, les frais de fonctionnement (loyer, électricité, internet, etc.) sont répartis entre les praticiens, réduisant ainsi la charge financière individuelle. C’est une solution pragmatique face à l’augmentation des coûts.
Un cabinet pluridisciplinaire offre un point d’accès unique pour divers soins, ce qui est particulièrement avantageux pour les patients à mobilité réduite ou ceux vivant en zones rurales. Cela réduit les déplacements et facilite la coordination des rendez-vous.
Un pour tous, tous pour un !
Le cabinet pluridisciplinaire représente une réponse adaptée aux défis actuels de la profession : complexité des prises en charge, contraintes économiques et besoin de collaboration. Il offre un cadre propice à l’épanouissement professionnel et à une meilleure qualité de service pour les patients. Alors, pourquoi ne pas franchir le pas et rejoindre une équipe où l’union fait la force (et la bonne humeur) ? Si vous avez déjà franchi le cap, n’hésitez pas à nous le faire savoir, nous sommes curieux de savoir comment ça se passe.