Orthophoniste, un partenariat pour le bien des enfants
En tant qu’orthophoniste libéral, vous avez probablement déjà été confronté à ce dilemme : comment assurer une prise en charge efficace d’un enfant quand l’école et le cabinet fonctionnent en silos ? Le partenariat entre orthophonistes et enseignants peut faire toute la différence… à condition de savoir comment l’initier et le faire vivre. Et si on arrêtait de fonctionner chacun de son côté ?
Aujourd’hui, on partage avec vous toutes nos pistes concrètes pour créer un vrai partenariat avec l’école, sans y laisser votre énergie (ni votre patience). Promis, ça peut très bien se passer ! Et ça peut même devenir une vraie richesse pour votre pratique d’orthophoniste au quotidien.
Pourquoi et comment construire un lien entre orthophonistes et professeurs ?
L’intérêt du partenariat pour l’enfant
L’école est un des terrains quotidiens des apprentissages. Or, un trouble du langage, de la communication ou des apprentissages ne s’arrête pas à la porte de votre cabinet d’orthophoniste. L’enfant est le même, que ce soit entre les murs de la classe ou ceux de votre bureau. Avoir une fenêtre avec vue sur le quotidien en établissement scolaire de votre jeune patient peut donc être une source d’informations précieuses.
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L’enseignant est aux premières loges pour observer les difficultés de l’enfant dans un cadre collectif. Il voit ce qui coince, ce qui évolue, ce qui le met en difficulté ou en réussite.
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Il peut renforcer les acquis travaillés en séance d’orthophonie, s’il en comprend bien les ressorts et les objectifs. Une consigne adaptée, un regard bienveillant, un petit geste de soutien au bon moment peuvent prolonger les effets de vos séances d’orthophonie.
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Une bonne collaboration est essentielle au projet de soin : elle évite les malentendus, les jugements, les interprétations erronées, et surtout profite directement à l’enfant, quelque soit son cas, en créant de la cohérence entre les différents lieux d’intervention, à l’école, à la maison ou au cabinet d’orthophoniste.
Petit rappel utile : le partenariat orthophoniste / éducation nationale est inscrit dans la circulaire n° 2002-024 du 31 janvier 2002. On ne sort donc pas de notre champ de compétence en prenant part au projet scoalire, bien au contraire. On répond à notre mission d’accompagnement global.
Les clés pour une relation durable
Pas besoin de devenir les meilleurs amis du monde pour exercer de concert, mais bien s’organiser et poser une base de confiance est essentiel. En tant qu’orthophoniste, vous pouvez aider à résoudre certains problèmes cliniques liés au travail quotidien, par exemple en aidant un instituteur avec plusieurs élèves en difficulté de lecture dans sa classe à concevoir un projet clair pour les aider. Un petit mot, un appel de présentation ou un document type « fiche de liaison orthophoniste » peuvent suffire à créer le lien.
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Clarifiez les rôles de chacun dès le départ entre prof et orthophoniste : qui fait quoi ? Jusqu’où peut-on aller dans les échanges ? Quelles informations sont utiles et pertinentes ?
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Optez pour la régularité plutôt qu’un gros point de fin d’année : quelques infos clés envoyées tous les 2-3 mois valent mieux qu’un bilan indigestible en juin et profitent mieux à l’apprentissage de l’enfant.
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Gardez l’enfant au centre des échanges : ce n’est ni une relation hiérarchique, ni un contrôle croisé. C’est une co-construction au service d’un objectif commun.
N’hésitez pas à personnaliser vos premiers contacts : une fiche de présentation de votre cabinet, une infographie simplifiée sur les troubles DYS, ou une invitation à un échange téléphonique de 15 minutes peuvent faire une énorme différence.
Identifier les freins pour mieux les dépasser
Les malentendus classiques
Des rôles souvent trop flous
Certains enseignants ignorent encore ce que fait exactement un·e orthophoniste. Et inversement, on ne connaît pas toujours les contraintes de l’école (nombre d’élèves, programmes à suivre, réunion avec les parents ou l’administration, manque de temps…). Cela peut générer frustrations et attentes irréalistes.
Astuce : commencez par une petite présentation simple de votre rôle, de vos objectifs, et de ce que vous pouvez (ou non) proposer. Cela désamorce beaucoup de malentendus. Et c’est aussi valorisant pour votre métier !
Une communication parfois difficile
Pas facile de trouver le bon moment ni le bon moyen pour échanger. Un mail perdu, un cahier de liaison oublié, un parent tampon… et c’est la cacophonie. Le risque ? Des infos clés qui ne passent pas, des incompréhensions, et une sensation de parler dans le vide.
Idée: pensez à proposer une fiche de liaison claire ou un document synthétique à glisser dans le cahier. Vous pouvez aussi suggérer un rendez-vous téléphonique ponctuel, court mais régulier. Mieux vaut un petit point bien calé qu’un long mail jamais lu.
L’émotionnel en jeu
La peur du jugement
Orthos comme profs peuvent redouter d’être mis en cause dans la prise en charge de l’enfant. Et si on me reprochait de ne pas en faire assez ? Ou de ne pas savoir gérer ? Ou de faire de l’ingérence dans la compétence de l’autre ?
À essayer : l’approche « équipe autour de l’enfant » change la donne. On collabore, on ne contrôle pas. Restez factuel, bienveillant et axé sur les besoins de l’enfant. Et souvenez-vous : chacun fait de son mieux, avec ses outils.
L’adaptation nécessaire
Comme chez les patients, avec les professeurs, il n’y a pas de solution unique. Certains enseignants seront très ouverts à la collaboration, d’autres plus frileux. L’essentiel est de s’ajuster à leur rythme, tout en gardant le cap. Parfois, il faudra insister un peu, parfois attendre le bon moment.
Pense-bête : soyez patient, à l’écoute, mais aussi persévérant. Et pensez à capitaliser sur les personnes motivées pour créer une dynamique positive.
Mettre en place une collaboration concrète et efficace
Les bons outils pour communiquer
Voici quelques supports très utiles pour fluidifier la communication :
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Une fiche de liaison type, avec objectifs, consignes à observer, éventuels aménagements. Claire, lisible, réutilisable. On vous en propose une à la fin de l’article !
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Un glossaire simple des termes orthophoniques. Parce que « phonème » ou « mémoire de travail » ne sont pas toujours évidents à comprendre, même pour les profs !
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Un guide d’observation pour aider l’enseignant à repérer les progrès ou difficultés avec un tableau de bord simplifié, utilisable en classe.
Et côté organisation :
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Évitez les longs mails explicatifs : préférez les synthèses. On va à l’essentiel.
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Proposez une plateforme simple : cahier de liaison, espace numérique de travail (ENT), carnet de suivi numérique, ou même un drive partagé.
S’inspirer de bonnes pratiques
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Un QR code ? Vous pouvez tester la mise en place d’un système de QR code collé dans le cahier de liaison. Les enseignants peuvent y accéder pour lire un résumé de la prise en charge, actualisé tous les mois. Simple, malin, et très efficace.
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Une formation ? Proposez une mini-formation de 30 minutes aux enseignants de votre secteur à la rentrée. Vous pourrez présenter les troubles DYS, les signes d’alerte et les adaptations possibles. Une belle manière de créer du lien dès le départ.
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Un petit café ? Une rencontre courte à la rentrée avec l’équipe enseignante et les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) de l’école maternelle et primaire du coin est une excellente idée ! Vous pouvez aussi vous rapprocher des Services d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) pour vous présenter. C’est une rencontre informelle, sans pression, qui permet de poser des bases solides et de mieux se connaître.
Pour récapituler
Les 5 piliers d’un bon partenariat avec le personnel éducatif :
- Clarifier les rôles
- Choisir les bons outils de communication
- Miser sur la régularité
- S’adapter aux besoins du terrain
- Toujours garder l’enfant au centre de la démarche
Et surtout : ne jamais sous-estimer la force d’un petit geste, d’un mot bienveillant ou d’une écoute attentive. C’est souvent là que commence la vraie collaboration.
Une force et une soutien au quotidien
Créer un partenariat professionnel et durable avec les profs n’est pas un luxe, c’est une véritable richesse pour l’enfant… et pour votre pratique ! Alors on respire un bon coup, on attrape sa fiche de liaison, et on ose le premier pas. Vous verrez, l’école n’est pas si loin du cabinet. Et qui sait, cela pourrait même devenir un plaisir partagé. Et vous ? Quelle petite action pourriez-vous mettre en place cette année pour mieux collaborer avec les enseignants de vos patients ?
Si vous avez encore des questions sur la profession d’orthophoniste, rendez-vous sur notre blog Mes débuts Ortho pour découvrir d’autres ressources utiles et bien vivre votre carrière libérale au quotidien !
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Alors, vous êtes prêt à innover ?
Fiche de liaison Orthophoniste / Équipe pédagogique
Informations générales :
– Nom et prénom de l’enfant : __________________________
– Classe / Personne référente : __________________________
– Nom et prénom de l’orthophoniste : __________________________
– Coordonnées (mail pro ou téléphone pro) : __________________________
Objectifs de la prise en charge orthophonique :
➡ Exemple : améliorer la conscience phonologique, soutenir la mémoire de travail, travailler la fluidité verbale…
Points à observer en classe (facultatif, au choix) :
- Difficultés de compréhension orale
- Difficultés en lecture / écriture
- Attention / concentration
- Interactions verbales avec les pairs
- Autres : __________________________
Aménagements proposés ou conseillés (si applicables) :
➡ Exemple : consignes visuelles, temps de réponse allongé, anticipation des consignes…
Comment me contacter facilement :
Jours de disponibilité : __________________________
Canal préféré : mail / téléphone / cahier de liaison / autre : __________________________
Zone libre pour remarques ou retours :