Entre déserts médicaux, bambins hyper-connectés et flexibilité nécessaire du soin, la téléorthophonie s’impose doucement comme une alternative plus que crédible. Sans remplacer le présentiel, elle ouvre une nouvelle voie pour assurer le suivi, même à distance. Et non, ce n’est pas réservé aux fans de cartes graphiques ou aux orthos en jogging.
L’orthophonie, ce n’est pas que des « répète après moi » ou des jeux de cartes colorés sur table en bois clair, façon Montessori. Bien que l’objectif initial d’un orthophoniste est de prévenir, évaluer et traiter les troubles de la communication, du langage oral et écrit, ainsi que de la déglutition, il n’est pas exempté de l’évolution du monde, avec les nouvelles technologies. Car oui, aujourd’hui, des bambins savent swiper avant même de savoir écrire. Pour ne pas finir comme un boomer pour qui la nouvelle génération est désenchantée comme dirait l’autre, il faut prendre en considération ces évolutions et oser un mot encore tabou pour certains : télé-orthophonie.
Avant de hurler au sacrilège, précisons tout de suite : non, il ne s’agit pas de faire toutes vos consultations en visio, dans votre lit entre deux épisodes de Severance, mais simplement d’ouvrir la porte à une nouvelle possibilité, à utiliser avec parcimonie, pertinence et bon sens professionnel. OrthoMax est là pour vous accompagner.
Pourquoi faire de la télé-orthophonie ?
Outre l’adaptabilité aux nouvelles technologies, plusieurs raisons, plus « pragmatiques », disons, viennent justifier le recours à la télé-orthophonie. Et promis, aucune d’entre elles n’est « je n’ai pas envie de sortir de chez moi aujourd’hui. » En voici trois, pêle-mêle :
- Accessibilité : certains patients habitent loin. Vraiment loin. En zone rurale, on compte en moyenne un orthophoniste pour 13 000 habitants, selon l’INSEE. Le désert médical n’est pas une métaphore et pour ces familles, la séance en visio, c’est la promesse d’un suivi régulier sans transformer leur mercredi en road trip.
- Continuité des soins : un enfant malade, un parent bloqué au travail, une alerte canicule, une grève surprise ? Le distanciel devient un plan B en or pour ne pas casser la dynamique thérapeutique.
- Adaptabilité : certaines pathologies s’y prêtent parfaitement : troubles du langage écrit, remédiation cognitive, rééducation post-AVC, bégaiement. Bref, tout ce qui ne nécessite pas une manipulation physique ou une présence corporelle cruciale. À l’inverse, les troubles oro-myofonctionnels, les bilans sensoriels ou certaines prises en charge d’enfants très jeunes restent mieux adaptés au présentiel.
Concrètement, comment s’y prend-on ?
Pour les boomers, on oublie Skype, nous ne sommes plus en 2010. Aujourd’hui, on a mieux. Des plateformes comme Covalia, Ezra, ou bien évidemment, le classique, l’outil visio de Doctolib (car oui, ils sont partout). Ces logiciels – au-delà d’être performants et adaptés à la télé-consultation – permettent d’avoir des connexions sécurisées et surtout respectueuses du secret médical. Mais surtout, il est également possible de proposer des exercices numérisés, jeux interactifs, partage d’écran, tableaux blancs collaboratifs.
D’autres logiciels, comme HappyNeuron Pro ou encore la plateforme Malo proposent des ressources conçues pour la télé-orthophonie, testées et validées par des pros. Il faut aussi un matériel minimum côté patient : une connexion stable, un ordinateur ou une tablette, et un environnement calme. Pas une fratrie qui s’embrouille dans le salon pour reprendre la télécommande ou un chat qui s’invite sur le clavier.
Le métier change, et ce n’est pas (forcément) une mauvaise chose
Soyons francs : pour certains orthophonistes, la télé-orthophonie, c’est un peu comme TikTok ou la calvitie à 19 ans. Incompréhensible, voire menaçant. Mais le numérique n’a pas pour vocation de remplacer, il vient compléter, fluidifier, parfois dépanner.
Et si on parlait formation ? En 2023, seulement 12 % des orthophonistes déclaraient se sentir vraiment à l’aise avec la téléorthophonie (Source : enquête FNO). Ce n’est pas un problème de compétence, c’est un problème de confiance. La solution : des ateliers de formation ciblés, du mentorat entre collègues, et surtout, arrêter de penser que la technologie est l’ennemie du lien thérapeutique. Spoiler : c’est une question de posture, pas de pixels. Les jeunes diplômés, eux, n’ont pas ce complexe. Alors, pourquoi ne pas s’en inspirer ?
Entre écran et réalité, une affaire d’équilibre
L’idée n’est pas de faire de chaque orthophoniste un geek suréquipé, ni de transformer les enfants en avatars de téléconférence. L’idée, c’est d’ouvrir le jeu. La télé-orthophonie n’est pas une révolution, c’est une évolution – parfois contraignante, souvent pratique, toujours perfectible. Proposer des séances d’orthophonie à distance n’a rien d’hérétique, cette option ne doit pas être négligée. C’est juste être en phase avec son temps. Et parfois, c’est aussi éviter un aller-retour de 60 km pour faire bosser le « ch » de « chaussure. »