Dans l’article précédent, j’ai montré que l’Urssaf était relativement linéaire : son taux de taxation fluctue peu quand on travaille plus. La Carpimko, elle, privilégie ceux qui travaillent beaucoup.
Cette semaine, regardons l’influence du 3ème taxman : Bruno Le Maire.
Avec l’impôt sur le revenu, Bercy contre-balance évidemment l’influence de la Carpimko. On sait que c’est un impôt à taux progressif, alors que la Carpimko a un taux dégressif.
Mais lequel l’emporte ?
C’est une question importante, parce qu’il faut savoir si ça vaut la peine de travailler davantage. Beaucoup de Français de la classe moyenne pensent qu’à un moment on bosse pour l’Etat. Mieux vaut en faire moins. L’impôt sur le revenu, théoriquement juste, a réussi à installer cette idée sinistre qui finit par nuire au pays.
Alors reprenons le tableau de la semaine dernière et regardons ce qu’il en est vraiment pour les auxiliaires médicaux en 2023. J’ai pris le cas extrême : celui d’un célibataire (la famille est une niche fiscale). Je vous montre les tableaux puis je vous les résume en quelques mots.
Pression des 3 taxmen sur le revenu moyen des orthophonistes
Pression des 3 taxmen sur 2 fois le revenu moyen des orthophonistes
En résumé, voici ce qui se passe si vous doublez vos revenus :
- L’Urssaf passe de 14 à 16 %.
- La Carpimko passe de 23 à 16 %.
- L’impôt sur le revenu passe de 7 à 18 %
- La confiscation totale passe de 43 à 50 %.
Ouf, l’honneur du pays est sauf : il s’en prend quand même plus à ceux qui travaillent plus.
De notre point de vue, c’est moins reluisant : le fisc compense largement la dégressivité de la Carpimko. Globalement, le système nous décourage de soigner plus de gens.
Heureusement, ce n’est qu’une apparence. L’impôt sur le revenu est aussi troué qu’un emmental. Il y a cinq cents niches fiscales ! Il est beaucoup plus difficile de faire baisser les charges sociales que l’impôt.
J’ai utilisé plusieurs de ces niches au fil du temps :
- Deux enfants
- Madelin
- Plan épargne retraite
- Déficit foncier
- Sofica
- Crédit d’impôt formation
- Dons
D’autres utilisent le Pinel, les FCPI, les FIP, la loi Malraux, la loi sur les monuments historiques… Il y a aussi le livret A, le LEP, le PEL, le PEA et l’assurance vie, mais ces niches-là n’abaissent pas l’impôt. Elles l’empêchent jusque de croître.
J’ai expliqué tout ça dans La défiscalisation pour tous :
L’emmental de Bruno Le Maire aboutit à une conclusion heureuse : en France, on ne paie l’impôt plein pot que si on le souhaite.
Corollaire : la dégressivité de la Carpimko peut finalement reprendre le dessus et nous inciter à travailler davantage. D’autant qu’en travaillant moins, on n’a pas la surface financière qui donne accès aux niches fiscales efficaces.
Et on ne le répétera jamais assez : s’il est relativement facile d’utiliser les niches fiscales, il est quasiment impossible de faire baisser l’Urssaf et la Carpimko. Or, si vous travaillez moins, vous allez payer bien plus de charges sociales que d’impôts. Vous manquerez donc de moyens d’action. Le système vous coincera.
Si nous travaillons plus, le système fiscal mité nous transforme en adultes responsables, et non en victimes du découragement organisé. A nous de nous adapter en utilisant les leviers qu’on met à notre disposition.
La difficulté survient quand on est contraint de travailler moins pour des raisons familiales. Là, on peut se sentir cerné (et surtout cernée, les choses étant ce qu’elles sont) entre le matraquage de la Carpimko et l’absence de niche sociale.